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Octobre 2007 : Se désigner femme ou homme a-t-il encore un sens aujourd’hui ?

Ce café du genre a eu lieu en octobre 2007.

Cette question que je souhaitais faire partager aux participant-es des « cafés du genre » d’octobre a émergé de plusieurs réflexions. Tout d’abord de ma pratique de thérapeute « centrée sur la personne » qui montre que c’est par la non-catégorisation et le non-enfermement dans une pathologie de la personne écoutée qui va favoriser sa créativité, lui permettre de se retrouver dans la liberté et l’expérience unique d’être elle-même, d’avancer vers la paix et l’autonomie. Or qu’y a-t-il de plus enfermant que l’assignation sexuée qui est imposée et qui figure sur nos papiers d’identité ? Si cette assignation peut être rassurante pour certain-es, elle est un vrai carcan pour d’autres.

 Ainsi, la philosophe Françoise Collin propose une mutation vers une société des différences au sein de laquelle il s’agirait « pour chacun, pour chacune, de déterminer son « identité » propre sans y être prédéterminé par la race, la classe, le sexe et l’âge. Et que cette identité puisse virer, changer en cours d’existence. Nous avons droit à une histoire. Pas de fiche signalétique » (Pour une politique féministe, p.71). Le récent ouvrage d’Irène Théry (La Distinction de sexe) enfonce le clou : « on n’est pas un homme ou une femme, on agit comme un homme ou comme une femme. Mais aussi, et le plus souvent, comme une personne tout à la fois partenaire d’une vie sociale, congénère de l’espèce humaine, mâle ou femelle d’une espèce naturelle, et dépositaire des valeurs humaines ».

Alors, est-elle si consistante que cela l’identité de sexe, lorsque l’approche « queer » nous montre qu’il n’y a pas de linéarité obligatoire entre le sexe biologique, le genre social et le type de sexualité ? Lorsque la médecine rebute à employer l’expression « changer de sexe » au profit de la « ré-assignation hormono-chirurgicale », que le gouvernement Zapatero en Espagne a voté une réforme sur l’identité de genre qui consiste à enregistrer le changement sans que la décision dépende d’une opération chirurgicale préalable, reconnaissant ainsi la primauté du sexe social et psychologique sur l’aspect morphologique ?

Les participant-es rappelleront la force du stéréotypage sexué à l’œuvre dès l’enfance et notamment à l’école, plus tard dans la publicité, certain-es feront part de leur inquiétude à envisager la rupture des catégories sexuées tant elles leur semblent fondatrices d’un équilibre femme/homme, tout en reconnaissant finalement que nous y gagnerions tous-tes en singularité et en liberté.

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